Aux Bonheurs Des Gros Z'ours

Hiérarchie, dominance, ...

Le mythe de la dominance et de la hiérarchie chez le chien


Depuis le temps que le chien marche à nos côtés, nous croyons dur comme fer que son souhait dans la vie est de nous dominer.

Mais pourquoi attribue-t-on au chien une caractéristique que l’on attribue à lui seul et à aucun autre individu ? Est-ce qu’il est dans nos habitudes de parler de notre patron comme d’un individu dominant ? Ou bien dans une famille, est-ce que l’époux domine sa femme ? A-t-on déjà entendu parler d’un enfant dominant ? D’un lapin ou d’un orignal dominant ?

Un peu d’histoire à propos de la théorie de la dominance chez le chien

Cette croyance remonte à l’époque où des scientifiques avaient passé plusieurs années à observer les loups en captivité (Rudolf Schenkel – « Ausdrucks-Studien an Wölfen : Gefangenschafts-Beobachtungen » 1947).

Les interactions qui se formaient entre les loups les portèrent à analyser leur hiérarchie de la façon suivante :

Le loup Alpha :

Celui qui domine le groupe, contribue à sa survie, organise la chasse, mange en premier, est le seul à se reproduire. C’est lui le loup dominant.

Le loup Oméga :

C’est le souffre-douleur du groupe, celui qui règle les querelles en se mettant au milieu, celui qui apaise les autres loups en servant de bouc émissaire, celui qui mange en dernier. C’est lui le loup dominé.

La version revisitée de la hiérarchie chez les loups

En 1999, l’un des pionniers qui avait étayé cette étude, le zoologiste David L. Mech s’est finalement rétracté. Il est revenu sur ses analyses, après avoir observé des loups à l’état sauvage. Dans un article intitulé « Alpha Status, Dominance, and Division of Labor in Wolf Packs », publié dans le Canadian Journal of Zoology, le scientifique explique pourquoi la notion de dominance chez les loups doit être corrigée.


Voici le vidéo de David L. Mech qui explique pourquoi la théorie de la dominance est dépassée :

https://youtu.be/NFIIWuaB6H0

« Mon chien est dominant » – Une affirmation persistante malgré les preuves

Même s’il a été prouvé aujourd’hui que les animaux, et donc le loup en particulier, ne vivent pas selon des modes compétitifs et de dominance établie, il n’en demeure pas moins que nous gardons cette idée en tête et que nous continuons de voir le chien comme un animal dominant ou dominé.

Souvent, il est naturel de croire qu’un chien qui grogne veut dominer son maître. On parle souvent de chien «têtu» ou qui «défie l’autorité». Un chien qui aboie beaucoup, qui saute sur le monde ou qui n’écoute simplement pas EST de toute évidence un chien dominant. À l’inverse, un chien qui montre sa bedaine «en signe de soumission» sera par contre un chien dominé.

Nous avons tendance à projeter nos idéaux sociétaux sur nos chiens : l’attrait du leadership et du pouvoir vient ronger notre relation avec eux. Nous voulons dominer notre chien, nous voulons lui montrer «qui est le boss». Dans ce but, nous allons donc trouver des solutions pour corriger un chien qui nous «défie» : le faire manger après nous, le garder toujours en position inférieure, faire preuve d’autorité, ou de violence physique parfois…

Pourtant, en observant nos relations sociales, nous pouvons nous rendre compte que c’est nous, humains, qui adorons la hiérarchie! Elle nous sécurise, nous donne un cadre et nous permet surtout de se comparer positivement par rapport aux autres. Il n’y a qu’à penser aux grades dans l’armée, aux titres prestigieux dans les entreprises, aux castes en Inde, à la hiérarchie catholique… C’est pourquoi nous avons tant besoin de croire qu’il existe un tel cadre pour définir notre relation avec nos animaux.

Alors, dominance chez le chien ou pas?

Il s’agit tout d’abord de savoir de quoi on parle. C’est quoi la dominance ? C’est une relation basée sur le fait qu’un individu prend le dessus sur un autre, alors que celui-ci va se soumettre. Et ce, systématiquement.

Il convient ensuite de distinguer la dominance inter et intra spécifique. La dominance intra spécifique a lieu uniquement entre des individus de même espèce (un chien et un autre ami chien par exemple). Dans ce cas, on parlera davantage de dominance CIRCONSTANCIELLE.

Un chien peut vouloir protéger sa nourriture d’un autre chien car pour lui, cette ressource est très importante à ses yeux. Mais il pourra aussi laisser bien volontiers le divan à son ami car c’est beaucoup moins intéressant pour lui.

Imaginez maintenant le chien qui grognait pour protéger sa nourriture alors qu’il vient tout juste d’engloutir 3 kilos de croquettes. S’il ne grogne plus pour protéger des aliments, est-ce parce qu’il est moins dominant? Ou tout simplement… Moins motivé?

Il est donc plus judicieux de parler de revendication de ressources, de motivation et même d’opportunisme que de domination véritable. Et si vous y pensez, nous sommes exactement comme nos chiens : opportunistes et revendicateurs.

Parfois, nous allons faire des compromis, et parfois nous allons tenir notre bout. Sommes-nous dominant ou dominés pour autant ? Allez-vous donner volontiers votre portefeuille à quelqu’un qui essaie de vous le voler ?

La dominance inter-spécifique quant à elle n’existe tout simplement pas. Un cheval ne pourra pas dominer un babouin, ni un dauphin un ours. Les codes du langage animal varient entre chaque espèce ainsi que les ressources convoitées. C’est la même chose pour l’homme et le chien.

Mieux comprendre son chien « dominant »

La vraie solution est ici : comprendre son chien. Un chien s’exprime de plusieurs façons pour se faire comprendre des autres individus. Il utilise son corps et produit des signaux d’apaisement pour indiquer si une situation le stresse, le motive ou bien encore l’angoisse. Il peut vouloir avertir, acquérir ou repousser quelque chose.

Les vraies raisons des comportements de « dominance » chez le chien

  • Pourquoi un chien saute sur le monde ? Pour avoir de l’attention.
  • Pourquoi un chien grogne-t-il si on s’approche de son bol ? Parce qu’il a peur que vous lui voliez.
  • Pourquoi votre chien ne vous écoute-t-il pas ? Soit parce qu’il ne comprend pas votre demande soit encore parce qu’il n’en a pas envie.
  • Pourquoi un chien tire sur sa laisse ? Tout simplement pour avancer plus rapidement car il marche naturellement plus vite qu’un humain, pour explorer davantage d’odeurs.
  • Pourquoi un chien est-il agressif ? Pour faire cesser une situation qui le rend inconfortable ou qui lui fait peur.

Notre tâche en tant que propriétaire est de mieux comprendre ce qui motive notre chien à user de certains comportements qui peuvent nous déranger, afin de savoir comment lui donner une alternative qui nous convient.

On parle ici de collaboration. Rien n’est gratuit dans la vie, pas même pour nous. Pourquoi donc devrions-nous nous attendre à ce que nos chiens accomplissent des ordres gratuitement. Pour nos beaux yeux ? Travailleriez-vous pour les beaux yeux de votre employeur? Non, soyons sérieux.

Une friandise, un jouet, une caresse (si le chien aime ça), un «bon chien !» sont des récompenses que nous devons utiliser pour renforcer des bons comportements. Après tout, nous, humains travaillons en échange d’un salaire. Pourquoi en serait-il autrement pour le chien ?

La motivation est la clé du succès !

 

 

Article rédigé par Dorothée Pâris Pasturel

Hiérarchie, dominance…

mercredi 9 octobre 2013

Un modèle hiérarchique qui n'a pas sa place

"L'inutilité d'utiliser la hiérarchie quand celle-ci n'existe pas inter-espèces"

 Rédigé par Danielle Godbout

le 6 Octobre 2010 

Un modèle hiérarchique que je  n'utilise pas et qui n'existe pas inter-espèces

À votre avis, le chien sait-il que nous n'appartenons pas à son espèce? Bien évidemment, le  chien sait très bien que nous ne sommes pas un chien, ne serait-ce qu'au niveau olfactif. Et puisque la hiérarchie n'existe pas entre 2 espèces différentes, cessons de penser que les chiens essaient de nous dominer.

Ainsi, pour le chien, cela n'a aucune signification que vous mangiez avant ou après lui, que vous entriez avant ou après lui, que vous le laissiez dormir sur le lit ou non, etc. Bien souvent, les comportements indésirables que nous retrouvons chez nos amis canins sont des problèmes de communication et de compréhension entre nos 2 espèces. Et puisque nous avons une faculté de raisonnement et de compréhension plus grande que celle de notre animal, à nous de voir à comprendre la raison du pourquoi.

De plus, David Meech, biologiste scientifique qui avait mis en place le concept du mâle Alpha revient sur ses positions après plusieurs années de recherche qui l'ont mené à conclure qu'en fait les loups vivent dans un modèle familial et non dans un modèle hiérarchique. Pour plus d'informations, consultez le lien suivant http://www.davemech.org/news.html.

De surcroît, il y a tellement longtemps que le chien vit dans un milieu différent de celui de son supposé ancêtre, que ses comportements sont très différents de ceux du loup et bien peu sont comparables maintenant. Notons seulement que les loups n'aboient pas, que les femelles sont en rut une seule fois par année comparativement à 2 fois chez la chienne, que le cerveau du chien est beaucoup plus petit que celui du loup…

La hiérarchie entre chiens, quant à elle, est situationnelle, elle n'est pas figée. C'est-à-dire qu'elle dépend de la situation : un groupe est constitué de deux chiens. L'un ayant un caractère plus fort et plus de tempérament est reconnu comme le dominant des deux. Par contre, nourrissez bien votre dominant et affamé votre soumis pendant 2-3 jours. Au bout de cette période, placez un steak par terre entre les deux. Qui croyez-vous obtiendra le steak? Le dominant? Je vous jure que votre dominé se battra à mort pour l'obtention de la bouffe, afin de subvenir à ses besoins de survie. La situation a donc fait en sorte de changer 'ai moi-même à la maison 2 chiens, 1 mâle et 1 femelle. Ma femelle possède le caractère le plus fort des deux et décide presque toujours quand c'est le temps de jouer et de s'arrêter. Elle accède la première et sans hésitation à un bol de nourriture ou à un bol d'eau et mon mâle laisse la place même s'il est très très gourmand. Par contre, en promenade, lorsqu'ils se promènent en liberté c'est le mâle qui ouvre la marche et la femelle suit. De plus, parfois c'est le mâle et parfois la femelle qui déloge l'autre de la place confortable qu'il avait choisi. Leur ordre hiérarchique est donc établi selon la situation.

Par contre, il n'est pas dit que le chien ne doit pas être soumis à des règles! Au contraire, car celui-ci a besoin d'encadrement et il sera sécurisé par un tel cadre. À nous de lui enseigner ce que  nous désirons de lui. Soyons un guide pour lui, un leader, mais pas un dominateur. Et rappelez-vous que votre chien est loin d'être bête et qu'il comprendra très bien ce que vous désirez comme comportement si vous prenez le temps de lui enseigner correctement ce que vous attendez de lui.

La notion de hiérarchie, ou de dominance, fait couler beaucoup d’encre..... 

J’ai décidé de vous présenter ici quelques uns des articles les plus intéressants que j’ai pu lire sur le sujet, et de vous donner mon avis !

Une des formations que j’ai suivi était basée sur l’utilisation du modèle hiérarchique ! Séduisant au départ... mais vite, très vite, j’ai compris que cette approche était bien limitée, et très souvent pouvait aggraver les problèmes existants !! 

L’approche hiérarchique dans les rapports homme-chien repose sur des idées complètement infondées ! Et dangereuses de surcroit ! 

En restant englué dans cette approche, on voit le chien comme «celui qui veut nous dominer», «celui qui doit être remis à sa place», «celui qui doit être soumis»... Tout ça bien entendu passe par des confrontations, un rapport de force, des privations, des punitions,... 

Et si on admettait que les «débordements» de comportement d’un chien découlaient simplement d’un problème de communication, de compréhension entre le chien et les membres de la famille ? Si on commençait par se poser la question : pourquoi ces comportements ? 

Plaquer un chien au sol, le corriger physiquement, le secouer, le pendre, etc.... voilà des corrections fréquemment utilisées et qui seraient censées, comme par miracle, et de manière instantanée, remettre le chien à sa place ??

Un travail de fond réalisé par les propriétaires et encadré par un professionnel, dans la gestion quotidienne, relationnelle du chien, ainsi qu’un accompagnement vers une meilleure compréhension de leur animal, permet de redonner un cadre structurant nécessaire à nos chiens de famille ! Je répète bien : UN TRAVAIL DE FOND !!

Votre chien s’est déjà fait violenté par un éducateur canin / dresseur / moniteur qui vous a dit que «votre chien devait en passer par là pour savoir que l’humain était le dominant et pas le contraire» ? FOUTAISES !! Et pour moi, ce genre de pratique n’est qu’une manière pour eux de répondre à une recherche de supériorité malsaine ! Votre chien s’est alors tenu à carreau ? Vous a-t-on dit « Voyez ! Il a compris et accepte son rang, maintenant il est soumis à l’homme !» ? Non, votre chien était juste tétanisé après s’être fait violenté par un inconnu, de manière totalement incompréhensible pour lui ! 

                                                                            La violence est le dernier refuge de l’incompétence, Gandhi

Un simple parallèle ....... Emmèneriez-vous votre jeune enfant colérique et capricieux se faire traumatiser sur un ring par un catcheur pour résoudre les difficultés que vous avez à la maison ?? Ne pensez-vous pas que revoir vos principes d’éducation serait plus judicieux ?

Doit-on selon vous obligatoirement en passer par cette case «violence» ? Ou au contraire, cela ne risquerait-il pas selon vous de nuire encore à votre relation ? De générer chez votre compagnon encore plus d’incompréhension, de peur, de frustration ?

Une dernière petite remarque avant de vous libérer pour la lecture des articles qui suivent.... 

Un chien qui grogne ne tente pas de «dominer» son maitre ! Un chien qui grogne communique, ce qui est très positif !! Il grogne pour obtenir quelque chose ou pour mettre fin à une situation inconfortable pour lui... Il grogne pour prévenir, et donc pour ne pas avoir besoin de passer à la phase suivante : la morsure !

Punir un chien qui grogne risque de l’amener à «oublier» totalement la phase de menace (qui lui vaut une correction), et donc à cesser de prévenir, à cesser de communiquer... et donc ... à passer directement à la morsure !!

Votre chien grogne sur vous ? les inconnus ? les enfants ? une personne en particulier ? Demandez-vous pourquoi et faites vous aider d’un comportementaliste ! Ne rentrez surtout pas en confrontation avec lui...

Votre chien a des besoins, des émotions,.. votre chien a le droit d’être compris, d’être respecté !

Vous avez de la considération pour votre compagnon ? Cessez de voir votre relation comme une hiérarchie, un rapport de subordination.. Remettez-vous toujours en question avant de poser une étiquette inappropriée du type «dominant», sur le dos de votre chien !

14 juin 2013

Publié par Stéphane (site Adcanes.fr)

Si vous lisez régulièrement nos articles vous n’êtes pas sans savoir que la notion de hiérarchie chez le chien est bien plus complexe que la mythique théorie de la dominance linéaire adoptée par de nombreux acteurs du monde canin (vétérinaires, éducateurs, comportementalistes…). Comme vous avez pu le remarquer, nous avons pris soin de citer des articles émanant de différentes professions afin de démontrer que ce n’est pas juste un combat de quelques hurluberlues, mais bien un consensus qui s’impose à tous les niveaux.

Pourquoi insister autant ? Parce que ces notions de hiérarchie sont à la source de nombreux problèmes de comportement et d’incompréhensions avec nos chiens et que cela fini parfois très mal (abandon ou euthanasie !). Utilisez des méthodes d’éducations inappropriées et irrespectueuses du chien est considéré comme de la maltraitance, notre devoir est donc de lutter contre ces pratiques pour le bien de nos chiens et de leurs propriétaires.

Nous vous proposons un article de Laurent Meltzer, Cynologiste® (Esprit de Chien) qui souligne encore une fois les incohérences de la théorie de la hiérarchie et la dominance chez le chien.

 

Alexandra HOROWITZ, Docteur en sciences cognitives, est enseignante et chercheuse au département de psychologie animale du Barnard College de New York. Voici quelques extraits de son livre « Dans la peau d’un chien » :

« Principes de dressage et études scientifiques sont en désaccord. Les dresseurs sont nombreux à fonder leur rapport aux chiens sur une analogie avec le loup. Les scientifiques connaissent mal le comportement naturel du loup, et le peu qu’ils en savent contredit bien souvent les fondements de cette analogie. »
« Pour un animal qui doit vivre au contact des humains, l’attachement spécifique paraît logique ; pour un animal vivant en meute, ça l’est beaucoup moins. »
« Les loups sont des chasseurs mais nous n’autorisons pas les chiens à chasser. Leur technique de chasse a d’ailleurs été qualifiée de calamiteuse. »
« L’analogie avec l’organisation de la meute garde un grand attrait pour beaucoup, surtout si l’homme est placé dans le rôle du dominant. »
« La notion de meute nous offre un cadre confortable quand nous hésitons sur la façon de gérer une présence canine. »
« Dans la nature, les meutes ne regroupent pratiquement que des individus apparentés : ce sont des familles, pas des groupes de semblables rivalisant pour la place de dominant. »

Il est généralement admis, même si ce n’est pas scientifiquement totalement prouvé, que les chiens descendent des loups, ou bien que chiens et loups contemporains ont un ancêtre commun.

De ce fait, beaucoup continuent encore à comparer chiens et loups alors que depuis 100.000 ans leurs biotopes, naturel pour le loup et anthropogénique pour le chien, ont fait diverger leurs gènes, leurs organisations sociales, leurs mœurs, leurs buts, leurs besoins, leurs patrons-moteurs.

Pourquoi un chien domestique, vivant avec des humains, aurait-il une organisation sociale à base de meute alors que celle-ci est destinée à la prédation collective par la coordination des actions de chasse ? Pourquoi d’ailleurs chasserait-il alors qu’il est nourri ?

Des expériences sous contrôle scientifique ont été réalisées en ce sens : non seulement les chiens n’ont pas l’instinct de se rassembler en meute quand ils sont transposés dans un biotope naturel, mais encore leurs techniques de chasse ont été qualifiées de « calamiteuses » par les chercheurs.

Comparer un chien à un loup revient à comparer un humain à un singe.

Absurde.
Absurde et dangereux, car cette analogie incite à employer un langage et des méthodes totalement inadaptés pour communiquer avec nos chiens et les éduquer.

La dominance canine intraspécifique existe bel et bien, certes, mais on peut constater aisément qu’il s’agit d’une dominance fluctuante, mouvante, instable dans le temps, car elle dépend grandement des situations, de l’enjeu du moment, des individus en interaction et de l’environnement.

Aucun chien n’est dominant permanent.
Aucun chien n’est dominant dans l’absolu, sans avoir de congénères à dominer.
Aucun gène de la dominance n’existe.
Aucune race de chien n’est plus dominante qu’une autre.

Par ailleurs un chien dominant dans un groupe est respecté sans qu’il y ait agressivité.
Contrairement à la croyance populaire, un chien agressif n’est justement pas un chien dominant.

 

Le Dr Frank BEACH a passé 19 ans à étudier des meutes de chiens : il n’y a jamais de dominance physique ; tous les comportements sont ritualisés.
Le dominé adopte en général une attitude de soumission (par exemple présenter son museau pour que le dominant appose le sien par-dessus) de manière volontaire.
Il s’agit d’un rituel.
Un rituel sans violence. Jamais.

Quant à la dominance interspécifique, aucune étude sérieuse, observation empirique statistiquement significative ni surtout expérience sous contrôle scientifique n’a prouvé la véracité de cette thèse.
Scientifiquement parlant, tant qu’une chose n’a pas été démontrée, elle n’existe pas.

Affirmer le contraire ne reviendrait plus à comparer le chien à un loup, mais cette fois-ci à un homme … ou l’homme à un chien.
On en sait peu sur la cognition des chiens mais on sait tout de même qu’’ils ne se prennent pas pour des humains, pas plus qu’ils ne prennent les humains pour des congénères.

Sans organisation sociale, codes communicationnels ni surtout buts communs entre humains et canins, comment donc une « meute » interspécifique, à l’image de celle des loups sauvages, pourrait-elle exister ?

Dans la nature, de nombreuses espèces partagent la même niche écologique (le célèbre Kruger National Park d’Afrique du Sud, par exemple, permet de le constater aisément) et la simple observation permet de vérifier que l’éléphant ne « domine » pas le buffle qui ne « domine » pas le zèbre qui ne « domine » pas le springbok. Autour d’un point d’eau, ils cohabitent simplement, le temps de s’abreuver et sans chercher autre chose.

Le but profond, pragmatique, de la hiérarchie est la survie du groupe intraspécifique : comment donc alors un individu d’une espèce pourrait-il être le dominant d’un groupe d’une autre espèce ? Sans moyens de communication interspécifique, avec des organisations sociales, des besoins, des buts, des modes de vie, des perceptions de l’environnement et des cognitions différents ? Impossible.

Concernant les relations homme/chien, appliquons la simple logique : s’il y avait meute mixte humains-canin (la fameuse « famille-meute » encore chère à beaucoup) sur le modèle de la meute de loups, alors tous les autres humains et canins seraient hors meute et devraient être évités ou chassés, voire agressés, ce qui ne se produit pas.

Avec eux, nous constituons un groupe, un foyer, un rapprochement mutuellement profitable entre êtres vivants. En aucun cas une meute, ni de chiens ni a fortiori de loups.
Esprit de Chien nomme ce rassemblement « groupe socio-affectif ».

Il y a confusion entre dominance et autorité, obéissance et soumission, posture de soumission et posture d’apaisement.

Un chien grogne quand on veut le descendre du canapé car il est dominant. Plus simplement, il informe qu’on le dérange : tout individu, animal humain ou non humain fait de même, à sa manière. L’humain râle, le chat crache, le chien grogne. Rien de nouveau.

Un chien se précipite vers la porte au moment de la promenade pour passer le premier et ainsi affirmer sa dominance. Plus surement, il a attendu des heures entières, son propriétaire lui a fait voir sa laisse, il est tout excité, il a quatre pattes, beaucoup d’énergie, peut-être envie d’éliminer : il fonce. Rien d’extraordinaire.

Un chien fixe son propriétaire dans les yeux pour le dominer. Si le propriétaire voit qu’il est fixé, c’est qu’il le fixe aussi ; dans ce cas qui fixe l’autre, qui domine l’autre ?

Un chien veut monter sur un fauteuil pour prendre la place de son maître, le dominant en titre. Rien ne vaut une place confortable, imprégnée de l’odeur de son propriétaire. Où est le problème ?

Un chien veut être en hauteur pour dominer. Comment font donc les chiens/les loups en plaine ou en savane ? Par ailleurs les prédateurs n’ont pas de guetteurs, ils chassent : seules les proies potentielles en ont.

Un chien se met sur le dos pour se soumettre à son dominant. Il s’agit en fait d’une posture rituelle d’apaisement, simplement destinée à calmer ce qu’il peut percevoir de tension dans la situation.

Un chien se couche dans le passage pour marquer sa dominance. Plus simplement, il sait qu’à cet endroit, son propriétaire le remarquera.

Un chien doit manger après ses propriétaires pour qu’il sache qu’il n’est pas le dominant.
Dans la nature, le loup dominant mange en premier parce que c’est sur lui que repose la sécurité de la meute : il doit donc être le mieux nourri pour assurer ses charges et pouvoir se reproduire. Les humains ont pris cette habitude car, historiquement parlant, les chiens étaient nourris avec les restes de table, donc après les humains.

Un chien obéit à son maître parce que celui-ci le domine.
Le chien obéit à son maître parce qu’il est opportuniste et raisonne par association : en obéissant il a appris qu’il en retirera quelque chose de positif, alors il le fait. Tout simplement.
Nettement plus horrifique : le dominant d’une meute est dans l’obligation de saillir une femelle en oestrus, sinon cela signifie qu’il renonce à sa position. Ayons une pensée pour les propriétaires de chiennes.

Si hiérarchie il y a, elle n’est que dans la vision de l’Homme, et il ne lui vient pas à l’idée de ne pas se trouver à son sommet. Dans la pratique, on peut toujours résoudre une problématique relationnelle homme/chien sans jamais utiliser le modèle de relation hiérarchique.

Résumons.
La hiérarchie canine intraspécifique existe, mais elle est mouvante car elle dépend des individus en présence et des situations. La hiérarchie interspécifique n’existe pas. La relation homme/chien est une relation commensale entre un animal qui contrôle les ressources et un autre animal, captif et opportuniste.

Jean LESSARD (« La Terre a toujours été ronde, c’est notre façon de la voir qui a changé ») et Boris CYRULNIK (« Jusqu’à récemment, les humains voyaient l’univers avec leurs idées plutôt qu’avec leurs yeux ») l’ont bien exprimé : nous, humains, avons les facultés intellectuelles nécessaires pour pouvoir changer notre vision du monde et ainsi évoluer, nous améliorer, nous corriger.
Nous pouvons, nous devons profiter de ces facultés.
Il suffit d’en avoir la force de caractère … et de le vouloir.

Le propriétaire d’un chien se doit d’être un leader, un protecteur, un responsable, une figure emblématique à laquelle le chien ne peut qu’adhérer ; en aucun cas un dictateur ou pire, un tortionnaire.

Son engagement est de pourvoir à tous les besoins du chien.
C’est une grande responsabilité, une lourde tâche, un immense pouvoir.
Il doit s’en montrer digne.
Pour le chien. Et pour lui-même.

© Laurent Meltzer, Cynologiste®, Esprit de Chien
Site : 
http://www.espritdechien.fr

 

 

 

 

Un livre sur le sujet : «Dominance, mythe ou réalité», de Barry Eaton

 

 

 

 

Quelques liens sur le même sujet.....

 

http://adcanes.fr/ave-super-cesar/

http://adcanes.fr/position-de-lafsab-sur-la-dominance/

Commentaires

08.11 | 09:30

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